Patrick Bibet et Guy Hammer, nouveaux secrétaires de l’Union locale CGT Villefranche Beaujolais
Les deux anciens secrétaires adjoints ont pris en mai la suite de Laetitia Houssaye. Ils étaient de manifestation, jeudi 5 juin, contre la retraite à 64 ans.

Un souffle d’espoir pour les opposants à la réforme des retraites votée en 2023. Jeudi 5 juin, une cinquantaine de manifestants des syndicats locaux se sont retrouvés au Promenoir de Villefranche pour mettre la pression sur le gouvernement alors qu’une résolution réclamant l’abrogation du report de l’âge de départ à 64 ans a été adoptée par l’Assemblée nationale le même jour.
C’est là que deux visages avec lesquels il faudra se familiariser à l’avenir ont pris la lumière : ceux de Patrick Bibet et Guy Hammer. Les deux hommes, qui étaient jusqu’en mai secrétaires adjoints de l’Union locale CGT Villefranche Beaujolais Val de Saône, ont succédé à Laetitia Houssaye en tant que co-secrétaires de l’organisation.
La continuité de Laetitia Houssaye
« Nous serons dans la continuité de ce que l’ancienne secrétaire a mis en place, c’est à dire le collectif d’abord, a expliqué Guy Hammer, 43 ans et ouvrier dans une entreprise de métallurgie à Chaleins. Nous avons décidé de nous partager les tâches. Ça facilite la prise de décisions. »
Une prise de responsabilité dans un contexte où l’anxiété des salariés semble rejaillir avec, en 2025, un quart des salariés français se déclarant en détresse selon un baromètre Qualisocial et Ipsos. « On en a de plus en plus qui viennent aux permanences juridiques nous voir et qui sont dans des états de mal-être au travail, qui ont des inaptitudes, des faibles revenus, sont exploités ou dénigrés, témoigne Patrick Bibet. De nombreux secteurs, comme le transport, souffrent d’une pénurie de salariés.«
Cette problématique, le syndiqué de 57 ans la connaît bien, lui qui travaille au sein du réseau Libellule. « Aujourd’hui, qu’est-ce qu’on fait pour conserver les salariés ?, questionne-t-il. Quelles conditions met-on en place ? Les entreprises qui considèrent leurs employés ont moins d’absentéisme. On parle des arrêts maladie qui coûtent à la Sécurité sociale et on pointe du doigt les salariés, mais c’est souvent à cause de la pression phénoménale qu’ils ont au travail. Il y a un cercle vicieux et il faut y mettre fin. »
« Quand les salariés ont un souci, c’est nous qu’ils viennent voir »
Une vraie mission pour l’Union locale CGT Villefranche Beaujolais Val de Saône, qui compte un peu plus de 1 200 membres, dans un contexte où le taux de syndicalisation en France drastiquement chuté depuis les années 50, considérées comme l’âge d’or du syndicalisme. Celui-ci est passé de près de 30 à 10 % selon une étude du ministère du Travail.
Plusieurs raisons ont été évoquées à ce désinvestissement : désindustrialisation, essor des métiers tertiaires au détriment des ouvriers ou encore fusion des institutions représentatives du personnel. Mais Patrick Bibet juge que la souffrance au travail peut empêcher certains de franchir le pas. Il pointe également la pression mise sur les personnels syndiqués par les directions.« Il manque aussi de la démocratie syndicale au sein des entreprises, ajoute-t-il. Quand on est élu CGT, on peut être convoqué et recevoir une grosse pression. »
Pourtant, malgré la caricature médiatique d’un mouvement syndical qui serait un peu trop enclin à faire grève et manifester, l’Union locale CGT Villefranche Beaujolais Val de Saône garderait la côte auprès des travailleurs. « Même si les salariés ne sont pas syndiqués, quand ils ont un souci, c’est nous qu’ils viennent voir car ils savent qu’on est là pour les défendre », estime Patrick Bibet. Pour retrouver du crédit médiatique, les co-secrétaires comptent sur la figure qu’est la secrétaire générale nationale, Sophie Binet, « plus audible au niveau des médias ».